Villa S

Le client rêvait d’une maison californienne, mais le règlement d’urbanisme imposait un carcan régionaliste en matière d’architecture, dans la logique de la frénésie normative actuelle relayée par un discours moralisateur du style « on ne peut laisser faire n’importe quoi ». Un an de discussions et réunions ont été nécessaires pour convaincre la municipalité de l’absurdité d’imposer des contraintes esthétiques, et obtenir finalement le permis de construire.

La maison s’étire le long des courbes de niveau suivant trois strates successives qui s’ouvrent en éventail vers le paysage et la vue sur Grenoble au Sud-Ouest, créant ainsi une nouvelle topographie destinée à rendre habitable le terrain, très en pente. Chaque niveau possède sa logique propre en fonction de son contenu, de sa position par rapport aux arbres et à la vue : la non-superposition des étages permet de dégager de vastes terrasses et des porte-à-faux, pour que l’habitabilité gagne en confort. L’ensemble a quelque chose de spectaculaire, c’est un lieu à vivre au quotidien mais également pour recevoir.

Le niveau bas regroupe les locaux techniques et les garages, enfouis dans la pente, ainsi que les chambres. Ce niveau est tracé suivant l’implantation des cèdres afin de les préserver. La présence des troncs et de la végétation en contrebas crée dans les chambres une atmosphère "terrestre", en contraste avec le niveau supérieur, très aérien et ouvert sur le paysage.
L’histoire d’une maison est toujours l’histoire d’une situation.
C’est l’histoire d’une relation entre un architecte et un client.
C’est aussi l’histoire d’un lieu capable de fonder un rêve d’habiter.